À la recherche d’un point d’équilibre

Geymann a choisi de créer principalement des formes humaines et animales qu’il exprime par des volumes purs exaltés par une surface lisse et polie. Cette appréhension des figures et de la matière par la netteté des contours et des arêtes, élimine tout attribut accessoire et nous conduit naturellement vers l’essentiel.

 La sculpture est un acte fondamental par lequel l’homme exprime sa maîtrise sur le monde. Ici, chaque objet, chaque animal, chaque être est représenté, débarrassé de sa gangue, résumé à son essence, presque sublimé dans une instantanéité arrachée au temps.

Pour Geymann, le réel n’est plus qu’une référence allusive. Il développe la forme qu’il a mémorisée en plats, méplats, arêtes vives, rebondissements, retombées, surfaces glissantes, lui donnant, par son énergie créatrice, force et mouvement.

Les figures de femmes, habitées d’une formidable force vitale, semblent tour à tour danser, s’offrir ou se lover harmonieusement à l’intérieur d’un œuf imaginaire. Chez ce sculpteur la lumière qui caresse les courbes ondoyantes ou qui heurte les arêtes tranchantes fait partie intégrante de l’œuvre. Il n’y a pas de frontière entre la matière et l’immatériel, entre la forme et l’esprit.

 Pour les animaux qu’il sculpte, il met en relief les formes dépouillées et les volumes simples, accusant les traits privilégiés et les caractéristiques tant physiques que psychologiques des volatiles ou des quadrupèdes.

 En éliminant tout détail, Geymann nous amène à prendre conscience de l’aspect primordial et essentiel de la forme saisie dans l’instantanéité d’une attitude, à la recherche d’un point d’équilibre, qui bien souvent se trouve à l’intérieur de nous-même, dans notre regard comme au plus profond de notre « âme ».

Nathalie KAUFMANN
Historienne d’art
Paris 2003


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